Cérémonie du Sama'a !

Présentation de la cérémonie

Occupant la grande scène sombre et profonde du centre Mandapa, le maître, attend solitaire. Assis dans la position du lotus et dans une immobilité de marbre, il offre l’image d’une gracile et blanche statue. Une simple ligne de 7 petites bougies blanches - protection sacrée - séparées par de petits bouquets de roses rouges et de jasmin dans leur verre de cristal au premier plan, illustre l’illumination à venir.

Petit à petit le «sphinx vivant» s’éveille, traçant de ses bras des mouvements très lents et très simples. Leur répétition souligne l’apparition de la parole chez l'humble créature au service de Dieu le Créateur. La musique devenant manifeste, ce qui semblait une «statue» fragile reprend vie et s’anime, les paumes offertes, dans un mouvement des mains et des bras rythmé, sobre et élégant. L'homme érigé s'exprime alors de tout son corps dans une souplesse féline, la douce oscillation s’originant depuis ses jambes ancrées dans le sol. Pas une fibre, pas une cellule qui ne vibre dans cette gymnastique globale commandée par l'esprit et préparant la montée de l'âme au sommet de la prière.

Ensuite et pour un long moment, le maître s’immergera dans la double respiration en forme de «huit», symbole de l'infini et de l'éternité. Mais, en ce même rythme lent et constant et toujours à l’écoute, il reprendra les gestes asymétriques des bras cette fois-ci dans une dissociation et complexification accrue, introduisant ainsi l'exercice de «l'attention divisée».

Soudain, la musique s'arrête et le maître s'assoie, temps de repos avant le moment sacré. Près de lui, à terre, les vêtements du prêtre, qu'il va revêtir consciencieusement en portant chaque pièce à ses lèvres et à sa tête, sont étalés. La longue jupe d'abord, dont avec la ceinture de soie verte et toujours assis, il se ceint la taille, le boléro à manches longues et enfin le couvre-chef en forme de diadème garni de ruban vert.

Habillé, le maître se lève et le derviche se révèle, illuminant la scène de sa blancheur et vibrant du vert de la nature. Cependant, reste au sol un vêtement qu'il ramasse et embrasse avec respect: le grand manteau noir dont il va s'envelopper entièrement, masquant son corps et recouvrant sa tête inclinée, seuls ses pieds nus apparaissent encore. Il entame alors une marche très lente autour de la scène, chaque pas marquant un arrêt, peut-être pour un vers silencieux, peut-être pour un poème, peut-être pour une prière ... Le temps n'existe plus ...

Le rituel terminé, le derviche laisse tomber la cape pour réapparaitre dans ses vêtements immaculés ... Se tournant vers le Nord, il ouvre les bras dans un embrassement cosmique, les mains offertes, paume gauche vers la terre, la droite vers le ciel. Porté par les voix du chœur, la rotation s'installe doucement: un tour légèrement hésitant, puis deux, puis un troisième ... La jupe se lève et dans la puissance du tournoiement ondule comme les vagues de l’océan. Son volume s’aligne sur le rythme intérieur accompli de l'homme, lui-même totalement abandonné au tourbillon accéléré et se fondant comme un atome dans la plus haute vibration de l'éther ...

Combien de temps cette ascension vers la Lumière a-t-elle duré et le saura-t-on jamais ? A l’issue de ce moment de ferveur magnifiée, les ténèbres intensément silencieuses sont revenues. Le corps du derviche, de nouveau voilé, seul reste visible l'endroit de son visage dans une méditation ultime, doucement illuminé par le dernier "rayon du jour" qui très lentement se retire et réinstalle le derviche dans la nuit ...

Que signifie "Sama'a" ?

"... entendre; une voix insondable et joyeuse du monde céleste invisible, rappelant la mémoire du son mélodieux entendu au jour sans commencement et sans fin de la création; le son du Créateur disant "existe!" ... "